mardi 26 novembre 2013

Tonnerre de Brest ! (récit n°5)

Il y a 100 ans, le mercredi 26 novembre 1913, 

André rejoint son affectation : le 2ème dépôt de la flotte des équipages à Brest.





                      L'arrivée des bleus au 2ème dépôt (1)





Durant l'été 1913, la loi augmente la durée du service militaire de  2 à 3 ans et anticipe le départ sous les drapeaux d'un an.
Adieu, ciseaux à bois, étau, pot à colle, maillet, scie égoïne, rabot ou wastringue, ...  A 20 ans, André doit s’y résoudre, il entame, ses classes et son second apprentissage, celui d’apprenti-marin.

Fin janvier 1914, il rejoindra son affectation définitive sur un navire militaire, torpilleur ou croiseur ; mais surtout pas dans un sous-marin. Être enfermé, dans une carlingue d’acier exposée aux vapeurs de mazout, ce serait un véritable supplice pour un menuisier si sensible aux essences boisées. Les récits racontant les premiers exploits des sous-mariniers ne l’ont pas fait rêver.
Un hydravion, de toile et de bois


Par contre, lors d’une projection d’actualités au cinéma, l’œil du charpentier fut attiré par des engins volants amphibies, construits moitié en bois, moitié en  toile,  et que l’on nomme «  hydravions ».




Le quai de la gare du Lude (3)
Après cette période militaire, il rêve de s’installer artisan au Lude, mais il faudra encore attendre trois ans. « Avec un peu de chance,  je serai libéré avant la fin de l’année 1916 », a-t-il dit la veille, à Marie en l’embrassant tendrement sur le quai de la gare du Lude.



Lui, comme Marie, ignore à cet instant, qu’il lui faudra attendre trois ans de plus. Deux mille  cent sept jours seront nécessaires avant de s’installer à son compte avec sa fiancée. Mais au fait, ma grand-mère sera-t-elle cette Marie ? Cela est une autre histoire. Revenons à Brest.

Ce qu’André ignore également, ce mercredi de novembre 1913, est que sa passion pour le bois, lui sera très utile dans la marine.

André parmi les bleus : l'incorporation.

Le 2ème dépôt
A son arrivée, André et ses compagnons sont visités par le médecin major, vaccinés, incorporés et habillés. Au dépôt, le groupe d'officiers et d'instructeurs spéciaux s'occupe de l'incorporation des nouveaux matelots et leur donne  les premières notions d'instruction militaire et de formation maritime. 

Le livret de solde d'André
La formalité de l'incorporation comprend pour chacun l'attribution d'un numéro matricule (2) puis l'ouverture à son nom des trois documents suivants : un livret de solde, un livret matricule et un livret médical.






Inscriptions écrites par André
A son incorporation, André se voit attribuer un n° matricule : 105960-2 (2).



André fin 1913- début 14 à Brest





Durant sa période d’apprenti marin, il est affecté à la 5ème bis Compagnie – 8ème groupe – 4ème escouade  du 2ème dépôt.









Outre les trois livrets, Grand-père reçoit une théorie intitulé :  
« Manuel des recrues des équipages de la flotte ».
Quel plaisir de feuilleter ce manuel de mon grand-père !

Par bonheur, ce livret m’a été transmis intact. Je prends un grand plaisir à le feuilleter, à le lire et à le  relire.

Tout est expliqué dans ce livret d’apprentissage :
les connaissances générales, les formations militaires, maritime et physique, jusqu’aux conseils d’hygiène.
André a du travail sur la planche !

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Le récit n°6 sera consacré à ce Manuel d'apprentissage
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(1)   Le 2ème dépôt des équipages de la flotte est le nom officiel de la caserne des marins, elle a aussi été appelée " La Cayenne " en raison de son utilisation pour loger des colons de retour de Kourou. Elle était située dans le quartier de Recouvrance et surplombait les bassins de Pontaniou sur la rive droite de la Penfeld, construite de 1766 à 1767, rehaussée de deux étages de 1842 à 1845, elle a été détruite par les bombardements de 1942/43. Un jardin public l'a en partie remplacé mais son environnement est resté identique, les bombes ayant épargné les habitations des rues Jean Bart et de Pontaniou. Au 2ème dépôt séjournaient les marins en attente d'affectation, les jeunes recrues inscrits maritimes et les engagés volontaires pour le métier de la marine de guerre. On pouvait y loger 3200 marins. Quatres autres ports de guerre accueillent aussi les nouveaux marins : Cherbourg (1er dépôt), Lorient (2ème dépôt), Rochefort (4ème dépôt) et Toulon (5ème dépôt).

(2) Le numéro matricule. Chaque port de recrutement enregistre les marins au fur et à mesure de leur incorporation dans une numérotation à suivre (sans remise à zéro au 1er janvier de l’année). Ce numéro-matricule se présente sous la forme d’un nombre (pouvant être supérieur à 100.000 pour les ports de Brest et Toulon) suivi d’un chiffre indiquant le Bureau Maritime de recrutement (BMR).
   Pour André : 105960 – 2 désigne le 105960e inscrit à Brest (2ème dépôt).

(3) photo transmise par l'association "le Lude en images".



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Pendant ce temps tout semble calme à la frontière franco-allemande (HOHNECK -Alsace) ...
16 septembre 1913 : "Rencontre du 15e bataillon de chasseurs à pied français et 171e d'Infanterie allemand"

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