dimanche 31 janvier 2016

On a retrouvé le cahier de chansons du clairon Prosper Roiné ! (récit n°25)


Brest, jeudi 6 janvier 1916, André a 23 ans.

Et pour l'occasion, Prosper lui offre une chanson composée par un fusilier marin : 

Jean le Gouin en Belgique !

(Jean le Gouin est un petit nom d'amitié que se donnent entre eux les fusiliers marins)


Extrait du cahier de chanson de Prosper Roiné, matelot clairon mort en 1917 en mer du Nord


Quatre mois séparent les deux amis : Prosper, âgé de 23 ans depuis fin août 1915 est l’ainé ; André est né lui, le jour des rois, le 6 janvier 1893, au Lude dans la Sarthe (voir le récit n°3).




Pour l’anniversaire d’André, Prosper l’a invité à boire un canon au foyer du 2ème dépôt de Brest. La conversation s’anime vite …





- « A ta santé mon vieux ! » dit-il en levant son verre. « C’est tout de même meilleur que le tafia de la Brigade que l’on nous sert dans les tranchées de Nieuport… »

- « Ou du pinard que l’on nous offre à bord du Jules Ferry ! » renchérit André.

- « Tu verras, le tafia est une sorte de rhum de troisième catégorie, une sorte de mélasse confectionnée à partir de débris de canne à sucre que l’on nous sert chaud avec du thé ! » précise Prosper.

A cet instant, Prosper sort de sa besace son cahier de chanson. En feuilletant les pages, il en extrait deux feuillets et les offre à André pour son anniversaire.

Ma cousine Martine Fauveau a conservé le cahier de chanson de notre grand-oncle Prosper


C'est avec émotion que je découvre le cahier de chanson de mon grand-oncle

Prosper Roiné, fusilier marin en 1915, a retranscrit une chanson composée par un de ses camarades du 1er régiment de la brigade des fusiliers marins

André, surpris de cette attention, lui sourit. Prosper lui adresse un clin d’œil en signe de connivence. 

- « Tu vas bientôt rejoindre le front de l’Yser, alors j’ai pensé que cette chanson de Jean le Gouin en Belgique te serait utile. Elle a été composée à Nieuport par un fusilier de la 4ème compagnie de mon régiment…


… Et il lui fredonne quelques paroles : 

" Quand, sortants des tranchées ; à Nieuport vous allez
Cueillez quelques fleurs ; et vous irez en cœur
Déposer ses jolis bouquets
Sur les tombes de nos regrettés
Qui narguant la mitraille
Sont restés au champ de bataille
Je vous quitte en espérant bien
Que vous irez tous c’est certain
C’est de nous un Devoir ; je vous dis à tous au revoir ! "

"Quand il va aux tranchées -  Il n'est pas fatigué - Il fait treize kilomètres - Y a rien de tel pour l' remettre"



André vient de recevoir son affectation, il doit rejoindre le bataillon des fusiliers marins sur le front belge pour le 13 janvier 1916. Ce sera, comme ce fut le cas pour Prosper,  son baptême du feu à terre ! 

(pour son baptême du feu en mer voir les récits n° 16 à 22)

André et Prosper, marins sur le Jules Ferry, ont accosté plusieurs fois en 1914 dans le port de La Valette (Malte)