dimanche 13 octobre 2013

Hélène HUREAU a connu trois guerres. (récit n°2)

 Vous pouvez retrouver les précédents récits dans Archives du blog à droite de cet article
Hélène HUREAU, la mère d'André

Réjane, ma mère, m’a transmis ses archives. Elle les tenait de sa grand-mère, Hélène HUREAU.

Je n’ai pas de souvenir de cette arrière-grand-mère sarthoise. 

Elle m’a tenu dans ses bras le jour de ma naissance, avant de s’éteindre à 91 ans.

Je lui dédie ce récit. 

Sans elle, les lettres et cartes postales minutieusement conservées dans un carton à chapeaux, merveilleuse boîte à souvenirs, cette biographie familiale aurait manqué de saveur.


Voici une anecdote racontée à sa petite-fille Réjane ...


En cette fin d’année 1913 où son quatrième fils s’apprête à rejoindre pour trois ans le service national, Hélène ne peut s’empêcher de penser à la guerre qu’elle a connue petite-fille.

Dissé-sous-le-Lude dans la Sarthe (à quelques kilomètres de La Flèche), un matin de novembre 1871 :

« Quatre casques à pointe entrent dans la petite épicerie familiale (1). Hélène, alors âgée de quatre ans, a la peur au ventre. Depuis plusieurs mois elle n’entend autour d’elle que des histoires de méchants soldats allemands.



Un soldat prussien

Ils sont terrifiants, quand ils entrent dans la petite épicerie du village, avec leurs grandes bottes de sept lieux, leur carrure imposante et leur fusil. Mais ce qui terrifie le plus la petite Hélène, ce sont leurs casques avec leur immense pointe.
Ses parents savent depuis la veille que l’ensemble de leur marchandise va être réquisitionné par les envahisseurs.

Une réquisition - tableau de Beauquenne
Les quatre Prussiens, n’ont aucun geste déplacé, ils sont même courtois avec notre famille. Comme prévu, toute la marchandise est réquisitionnée, y compris le pain de sucre, tant convoité par les villageois. Adieu, les petits morceaux de sucre qui se détachaient du pain, véritables petits bonbons, qu’Hélène et ses frères et sœurs adorent faire fondre dans la bouche.
La petite Hélène s’en souvient comme hier : un des soldats l’a soulevée dans ses bras et l’a embrassée ; elle a senti les poils de sa moustache sur sa joue. En souriant, il lui a marmonné quelques mots incompréhensibles. Ce prussien devait reconnaître, en Hélène, une de ses filles abandonnée depuis de longs mois de guerre. En tout cas, c’est ce qu’elle imagine, une fois devenue adulte ».
Un casque à pointe vu sur une braderie

(1) L'emplacement actuel de l'épicerie familiale à Dissé .
Hélène Hureau, enfant, à droite au second rang.