Mon grand-père André est né durant l’hiver 1893, le jour des rois : un cadeau
de 4 kg. D’après la mémoire familiale, il faisait un froid terrible et il
tombait beaucoup de neige, ce 6 janvier.
L’accouchement avait duré une grande partie de la nuit au domicile des Hureau,
rue du Parc au Lude, où ils venaient depuis peu d’emménager.
André HUREAU enfant |
André était le dernier d’une fratrie de quatre
garçons, le fils de Louis Hureau, mécanicien
– charpentier devenu contremaître à la féculerie du Lude, et d’Hélène Guiard, lingère. Louis et
Hélène étaient tous deux originaires du village de Dissé-sous-Le-Lude.
Hélène avait épousé Louis à l’âge de 16 ans après avoir effectué son apprentissage de lingère au 4 rue D’orée chez une patronne revêche et autoritaire (1).
(1) Tradition oblige, au 4 rue D'Orée, réside aujourd'hui une charmante lingerie où l’enseigne s'intitule :"A comme... Bonheur" |
Devant ses velléités d’indépendance et son souhait
d’être employée au château du Lude, ses parents l’avaient mariée, en lui
demandant de choisir entre deux hommes beaucoup plus âgés qu’elle. Elle avait
choisi Louis, veuf de 11 ans plus âgé, mais sans enfant. Louis l’appelait la
«petite». Et cette « petite » avait très peur de son Louis, au moins
jusqu’à la naissance de son premier enfant, Marcel.
Marcel est né 9 ans avant André à
Dissé, à deux pas du moulin de la scierie où travaillait son père. Puis, Armand naquit en 1886
et Gaston,
deux ans plus tard. Ces deux-là étaient turbulents et insupportables. Un matin, Armand revint du ruisseau où il chahutait avec son frère. Il avait jeté Gaston dans l'eau. Plus de peur que de mal : Gaston, 4 ans, aura été sauvé par sa robe bouffante qui s'était gonflée autour de lui comme une bouée.
Hélène, tout en élevant ses 4 enfants, travaillait à son
domicile comme « repasseuse à façon ». Puis ayant conservé son idée
de travailler au Château, s’y plaça comme lingère. Les conditions de travail,
sous les toits, n’y étaient pas faciles. La chaleur de l’été s’ajoutait à celle
des fers chauffés au charbon. La glace, montée en cachette par le cuisinier,
apportait un peu de fraicheur aux jeunes employées.
Plus tard, le couple
s’installera rue de l’Eglise à deux pas du Château. Louis devint contremaître à
la féculerie et Hélène s’installa à son compte, tout en continuant de laver et
repasser le linge du Château, de l’Eglise et des nombreux châtelains des
alentours.
Monsieur Lubineau, l’instituteur
d’André et ami de la famille, avait repéré les capacités du benjamin des Hureau
et rêvait d’en faire un enseignant. Mais les parents Hureau refusèrent : André
suivra la voie de ses trois frères, l’apprentissage puis le compagnonnage.
C’est l’assurance d’un bon travail. Marcel exerçait le métier de
couvreur-plombier à Château-du-Loir. Armand deviendra charpentier et Gaston,
plombier comme l’ainé. Et c'est ainsi qu'André devint, grâce au compagnonnage,
un artisan menuisier accompli.
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